À l’occasion du premier salon du survivalisme qui se tiendra du 23 au 25 mars 2018 à Paris (porte de la Villette) et pour lequel j’ai l’honneur d’être convié en tant que conférencier, j’ai été amené à donner quelques interviews pour des média divers et variés.
Au fil de ces entretiens, on peut noter qu’il y a une tendance à la diabolisation du « survivaliste » (qui s’est instauré dans l’imaginaire collectif par les clichés Hollywoodiens et a été appuyé par des travaux de sociologie discutables car émanant d’une seule et même personne) côtoyant un besoin d’aventure que l’on labellise « survie ». Il réside en final une véritable incompréhension de toutes les « mouvances » et sensibilités attenantes au vaste spectre de la démarche survivaliste.
Voici mon point de vue personnel et qui n’engage que moi sur ce thème :
- Survie : Terme, à mon humble avis, galvaudé. La survie implique la notion de mort imminente. L’individu est amené à lutter pour prolonger son existence en utilisant diverses connaissances et compétences avec une volonté de fer. L’objectif est de s’en sortir.
- Bushcraft : Loisir qui consiste à utiliser des connaissances et des compétences séculaires pour s’inscrire au mieux dans un environnement naturel. Une simple balade le dimanche après-midi revêt un aspect « Bushcraft » pour peu que l’on prenne le temps d’identifier quelques plantes utiles (comme la ronce mûrière ou les orties). L’objectif est de prendre du plaisir.
- Survivalisme : c’est un mode de vie aussi ancien que l’humanité elle-même. Basé sur l’autonomie, la débrouillardise, cet état d’esprit s’inscrit de nos jours dans une démarche de recherche d’indépendance vis-à-vis de la société actuelle. Quelques exemples tout bêtes : indépendance énergétique (panneaux solaires, éolienne individuelle, batteries domestiques…), indépendance hydrique (récupération de l’eau de pluie, purificateurs…), indépendance alimentaire (potager, élevage…). L’objectif est d’être un tout petit plus indépendant.
- Preppers : courant survivaliste apparu durant la guerre froide aux USA. Face à l’imminence d’une catastrophe nucléaire, certains individus ont pu construire des abris anti-atomiques, stocker des vivres, etc… Suite à l’apaisement du conflit, l’Amérique a réalisé son auto-critique et est entrée en auto-dérision (d’où la présence de « preppers » présentés comme fous et belliqueux dans les films et les comics). Et bien entendu, c’est ce profil qui est retenu par les média ! L’objectif est d’être prêt face à une rupture de la normalité.
Étant enseignant, je forme mes élèves à développer leur esprit critique, leurs capacités d’analyse, à questionner les écrits et à vérifier des sources. Il me semble malheureux de devoir le crier haut et fort dès que j’en ai l’occasion : le monde n’est pas noir ou blanc. Sans référence graveleuse, tout n’est que nuances de gris. Le « survivaliste » n’existe pas comme une entité unique, le survivalisme est une somme d’individus et de courants variés, qu’on ne peut assembler sous un même label. Peut-être que les adultes devraient également se questionner face aux poncifs maintes fois répétés. Les derniers articles que j’ai pu lire sur le salon du survivalisme sont malheureusement de véritables insultes à l’intelligence des lecteurs accumulant clichés et assertions malhonnêtes.
Connaissez-vous des gens qui produisent des conserves de légumes ou de confiture ? Des gens qui équipent leur maison de panneaux solaires ou de récupérateurs d’eau de pluie ? Des personnes qui travaillent leur potager ? Selon moi (AMHA encore une fois), voici des survivalistes qui s’ignorent !