Le polypore soufré (ou poulet des bois) : l’identifier et le consommer.

Le poulet des bois est de sortie, le polypore soufré émerge au printemps et perdure jusqu’à l’automne. Sur une souche ou un tronc tombé au sol, sur un arbre parfois bien vivant, se développent des langues jaunes remarquables. Vous venez peut-être de tomber sur le célèbre « chicken of the woods », le polypore soufré (Laetiphorus sulphureus).

Les chapeaux du polypore soufré sont facilement identifiable grâce à leur couleur vive. ©Alban Cambe

I – Le poulet des bois : facile à identifier

Il s’agit d’un parasite des feuillus se rencontrant sur de nombreuses espèces. Nous l’avons ainsi trouvé mainte fois sur des merisiers, des chênes, des saules et des frênes. Les arbres le portant sont condamnés à une mort certaines et, s’il se retrouve facilement sur des souches ou troncs au sol, nous l’avons également croisé sur des arbres paraissant plein de vie et portant toujours des feuilles.

Caché par la végétation et poussant ici sur un tronc de chêne, le polypore soufré affectionne principalement les feuillus. ©Alban Cambe

Le polypore soufré se reconnaît aisément à ses multiples chapeaux lobés de couleur vive. On ne peut identifier de pied sortant du bois. La surface est douce, jaune vif pouvant tirer sur le orange par endroits. Les pores à la face inférieure sont minuscules et anguleux. La taille des chapeaux peut vite atteindre 30 centimètres et l’on se précipitera pour ramasser les individus les plus jeunes.

À la coupe, l’odeur fongique est forte et on remarque la sécrétion d’un liquide translucide. ©Alban Cambe
On préférera récolter les sujets les plus fermes chez qui le goût de volaille est le plus présent avec une acidité moindre. ©Alban Cambe

À la coupe, la chair est ferme, de couleur uniforme mais sécrète un suc translucide et émet une odeur fongique notable. Les individus jeunes dégagent une fragrance rappelant la volaille.

Identifier le poulet des bois (polypore soufré) en vidéo

II – Quelques précautions pour récolter le poulet des bois

Comme pour beaucoup de champignons, on se méfiera des lieux de récolte. Ce même « poulet des bois » est déconseillé à la consommation dans certains pays. De plus, il peut absorber facilement les toxines de l’environnement tels que des métaux lourds. L’if (chez nous principalement Taxus baccata) est un arbre conifère produisant des toxines potentiellement mortelles ; lorsque le polypore soufré pousse sur un if, il en absorbe les alcaloïdes et devient alors impropre à la consommation.

Les sujets âgés sont vite grignotés par la faune et dépérissent rapidement. ©Alban Cambe

De plus, des cas d’intoxication par le poulet des bois ont été rapportés chez des sujets jeunes et en bonne santé : le champignon avait alors été consommé cru. Bien suivre les modes de préparation traditionnels et éviter d’en donner aux mineurs semble dès lors être une précaution non négligeable. Pour en finir avec les mises en garde, ce champignon est également connu pour provoquer, chez certaines personnes, des réactions allergiques sévères. On ne pourra donc que trop conseiller de limiter une première consommation à un échantillon volontairement réduit.

III – Le poulet des bois : facile à cuisiner

La préparation la plus simple consiste à en découper des lamelles ou en cubes que l’on jettera dans une poêle huilée bien chaude.

Cuisiné dans les bois, ici avec une poêle en fer forgé sur le feu de camp. ©Alban Cambe

En Allemagne, en Amérique du Nord, il a traditionnellement été bouilli avant d’être congelé puis réchauffé à la poêle dans une matière grasse quelconque. Ce procédé a cependant tendance à rendre sa chair plutôt coriace et ne semble pas libérer davantage de saveurs.

Sur le terrain : préparer le poulet des bois

Cette vidéo a été rendue possible grâce à mon partenaire Petromax Germany qui m’a fourni la poêle en fer forgé et les maniques en aramid que vous apercevez dans la vidéo.

Dans l’assiette, le fameux « poulet des bois » propose une chair ferme, acidulée au goût de volaille discret. ©Alban Cambe

Conclusion

Même s’il fait aujourd’hui l’objet de recherches médicales de par son pouvoir antioxydant et antimicrobien (lisez mon article sur les champignons médicinaux), il ne semble pas faire partie intégrante de la pharmacopée traditionnelle mais reste un moyen simple et peu onéreux de se remplir le ventre avec une sorte de viande fongique qui ravira nos amis végétariens.

Alban Cambe: Passionné par la nature et la littérature, Alban Cambe a collaboré à différents magazines outdoor. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont l'ouvrage de référence "Le Grand Guide du Bushcraft" aux éditions Solar. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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