Lors d’un stage de forge dans son atelier breton, le forgeron Paulo Simoes (retrouvez son interview ici) nous a présenté sa dernière invention. Ce couteau, tout droit sorti de l’imagination débridée d’un adolescent attardé et amoureux des grands espaces nous aura séduit pour ses qualités intrinsèques d’outil outdoor mais également pour l’amusement de tous les instants qu’il nous aura procuré.
Paulo dézippe la fermeture éclair de sa trousse d’exposition. Le reflet des lames ravit les yeux des amateurs venus le visiter en cette chaude après-midi du mois d’août. Allant et venant dans l’atelier avec notre couteau en pleine genèse, pièce de métal veule pour le moment, nous ne pouvons échapper à l’appel d’une série au look atypique. La volumineuse patte du forgeron se pose sur notre épaule : « Alban, je sais que tu aimes bien les trucs de débile, me murmure Paulo en aparté. Je te montrerai ces couteaux plus tard, quand on sera seuls. »
« L’insolent », un couteau pensé « survie » par Paulo Simoes
C’est donc une pièce d’acier inox 14c28 d’une longueur totale de 28 centimètres que nous avons en main, on note un contre-tranchant sur une partie du dos de la lame : « Je ne l’affûte qu’à la demande du client, précise Paulo. Si l’on n’a pas l’habitude de l’utiliser, c’est la meilleure façon pour s’ouvrir. ». Le dos de la lame est mordant, adapté à l’utilisation d’un firesteel.
À l’usage, le couteau se montre robuste et parfaitement à son aise dans une optique Bushcraft : avec ses 4 mm d’épaisseur, le bâtonnage ne lui fera pas peur, nous lui avons tapé dessus comme un sourd. Bien équilibré, l’insolent tombe bien en main et se manie aisément, nous avons même tenté quelques lancers sans rotation dans des troncs, la pointe venant facilement se planter, le vol étant régulier et prévisible.
Le manche en G10 permet une bonne préhension sans risque de glisse même si, personnellement, nous préférons les manches plus volumineux (les goûts et les couleurs). Le manier avec des gants permet de jouir d’une plus grande maîtrise de l’objet.
Justement, en ce qui concerne la finition, ce modèle est disponible avec une variété de G10 allant du coloris uni criard (le orange qui nous accompagne) jusqu’à une teinte ivoire avec inserts rouges entre le métal et les plaquettes. Le matériau est riveté mais également collé sur l’acier afin d’assurer une étanchéité maximale. Sur demande, Paulo pourra même vous trouver le bois qui vous plaira.
Pour de nombreux utilisateurs, la question de l’émouture est Pavlovienne : Bushcraft = émouture scandinave.
Paulo me confie que l’émouture creuse pensée ici, réalisée avec une roue de 300 millimètres, conférera à la lame plus de résistance et autorisera ainsi la découverte d’un nouveau plaisir de taille, à vous les feather-sticks longs et bien enroulés pour allumer votre feu grâce au firesteel accompagnant « l’insolent ».
« L’insolent » et ses accessoires pour la survie et les sales gosses
Vous aimez faire des âneries dans les bois ? Vous voulez des accessoires de « survie » pour vous entraîner ? Ça tombe bien, l’étui kydex du couteau renferme un firesteel aux côtés d’une boussole bulle et d’une petite lampe Photon Micro-Light. Un fourreau pensé pour la survie avec ces simples accessoires ? Ce serait oublier la pochette en cordura accompagnant l’ensemble…
« L’insolent », un peu plus qu’un couteau
À l’intérieur de la pochette du « kit » se retrouvent les accessoires qui feront le véritable sel de l’insolent . De petites billes d’acier, des roulements, tombent du compartiment, Paulo secoue encore un peu la pochette et suivent trois pointes de flèches acérées, usinées en série sur un design qui lui est personnel. Un long tuyau de caoutchouc est extrait, deux chevilles en plastiques : « Je l’ai pensé pour que, si tu perds les chevilles, explique Paulo, tu puisses utiliser des cartouches de .22 lr pour verrouiller l’élastique. »
Deux écrous et des boulons, un appendice en U se fixe rapidement à l’extrémité du manche et transforme le couteau en véritable lance-pierre ! Quelques essais concluants, des projectiles terminent leur course sur les vitres d’un vieil abri de jardin à une bonne trentaine de mètres de là sous les rires rauques de l’artisan d’origine Portugaise : « Attends, me dit Paulo en saisissant l’objet, je vais te montrer autre chose. »
Un nouvel appendice est greffé au cul du couteau, toujours à la main, sans aucun outil, une sorte d’œillet incomplet, une sorte de griffe au pied de laquelle se fixe à nouveau l’élastique. Paulo prend quelques instants dans son ateliers et en ressort avec une flèche : « Grâce à l’élastique, on atteint un équivalent d’arc de 30 livres, je n’ai qu’une flèche prévue pour du 60 livres. ». Et toute la magie de l’engin se révèle au moment où nous hissons une planche de contreplaqué au milieu des hortensias.
Malgré notre technique rouillée et un coude placé un peu haut, la décoche de cet étrange engin se révèle d’une précision remarquable et il nous faudra de longues minutes pour délaisser ce jouet pour adulte si plaisant.
Le kit complet de « l’insolent », entre survie et amusement
Le kit « insolent » se complète au moyen d’un verrou type Tek-Lok pour fixer l’étui à la ceinture et d’une longueur de cordelette pouvant servir à attacher le couteau à une perche ou au poing grâce aux nombreuses perforations du manche. On notera un arrêt de cordon en forme de grenade pour conserver le ton volontairement provocateur de l’ensemble. Survie oblige, une couverture de survie fait également partie du kit.
« L’insolent », sur le terrain depuis des mois
Si j’ai eu l’honneur d’être parmi les premiers à découvrir ce concept et à l’essayer, il n’en reste pas moins que je suis quelqu’un de pragmatique. Je privilégie les outils fonctionnels et robustes afin de pratiquer le Bushcraft sereinement et sans fioritures.
J’ai donc emporté « L’insolent » avec moi lors de mes sorties et bivouacs, dans différentes forêts, durant de longues semaines. Voici mon ressenti :
J’ai aimé :
- Le profil effilé et tape-à-l’oeil
(surtout avec ma finition en G10 orange) - Fonctionnalité bien pensée : équilibre, robustesse, dos de lame acéré, repose-pouce, indentations du manche, perforations…
- Maniement aisé (bon design, bon équilibre, émouture efficace)
- Les accessoires du kit : lance-pierre et lance-flèche pour s’amuser
comme un débilecomme un sale gosse ! - Étui kydex : excellente rétention, judicieuse implantation des accessoires
J’ai moins aimé :
- Le look « survivor » (mais ça dépend des finitions que vous choisirez)
- Le manche un peu fin à mon goût, à utiliser avec des gants
- Fixation tek-lok (à voir si je peux bricoler quelque chose avec de la paracorde)
Pour ainsi dire, « L’insolent » fait désormais partie des objets que j’emporte régulièrement sur le terrain. Je cherche simple à trouver un moyen plus agréable de fixer l’étui à ma ceinture, délaissant le tek-lok un moment. De par son look osé, je souhaite éviter qu’il ne saute aux yeux du premier promeneur croisé et cherche donc à le dissimuler en port horizontal. Une fois au camp, je me plait à me balader avec et à vaquer aux occupations idoines en profitant de ce superbe outil.
À qui le conseiller ? Il trouvera sa place auprès des amateurs qui veulent allumer un feu à la mode Bushcraft : sculpter des feather-sticks devient une partie de plaisir puis il suffit de produire des flammes grâce au firesteel. Les plus aventureux iront jusqu’à chasser du petit gibier à faire rôtir sur les braises.
Et pour les grands enfants alors ? Quoi de plus amusant que de se baisser tous les dix mètres pour glaner cailloux, glands, châtaignes et autres projectiles ? La recherche de la précision, du geste pur qui occupe l’esprit des amateurs de tir en tout genre se pratiquera ainsi aisément au fin fond des bois, au son du crépitement des flammes et avec la certitude d’avoir entre les mains un objet façonné par un artisan français talentueux, un jouet robuste et durable, un engin adapté à ceux qui veulent prendre du bon temps dans la nature, s’entraîner à la « survie » et surtout pour ceux qui veulent s’amuser un bon moment avec du matos robuste.
Présentation vidéo : L’insolent, le couteau de sale gosse (Paulo Simoes)
Informations complémentaires sur « l’insolent » par Paulo Simoes :
- Longueur totale : 28 cm
- Longueur de tranchant : 13,5 cm
- Épaisseur 4 ou 5 mm (sur demande)
- Poids : 356 g avec l’étui Kydex
- Acier inox 14c28 (ou acier carbone forgé sur demande)
- Manche en G10 riveté et collé (ou autres matériaux sur demande)
- Prix : à partir de 260€ (300€ avec le kit)
Informations, demandes, réservations sur le site internet de Paulo Simoes : simoespaulo.com