Apprendre à allumer et à maîtriser le feu est le travail de toute une vie. Le débutant pourra se sentir submergé par l’ampleur de la tâche et des connaissances à accumuler mais voici une proposition de parcours d’apprentissage pour qui souhaite découvrir le plaisir de faire jaillir les flammes ex nihilo.
Je ne saurai trop que vous conseiller que d’utiliser des allumettes (cliquez sur le lien pour accéder au défi) lors de vos premiers essais. Cela permettra au néophyte de découvrir un panel de ressources insoupçonnées de façon aisée.
La taille du feu est à adapter selon vos besoins et les conditions du milieu. Inutile de dresser un gigantesque brasier pour le simple plaisir de préparer votre thé sur le terrain. En groupe, on pourra envisager des foyers plus conséquents en conservant les mêmes règles qu’énoncé ci-après.
I – Choix des matériaux à enflammer en forêt
Il est envisageable (et vivement conseillé) de faire usage d’initiateurs de feu si le milieu peut vous en fournir. Espérer démarrer immédiatement des brindilles ne vous conduira qu’à l’échec pour peu que l’environnement soit un peu humide. Le débutant se plaira à se frotter à l’ensemble des initiateurs possibles…
Le petit bois doit être sélectionné avec soin. On évitera de le collecter au sol où il sera probablement chargé d’humidité mais on préférera se tourner vers des brindilles, les plus fines possibles, encore accrochées à leur arbre. Elles doivent être sèches et mortes et satisferont alors au « clac-test » c’est-à-dire qu’elles se briseront nettement avec un claquement bien sec. Les meilleurs essences pour ces brindilles seront chargées de résine : Sapins, épicea, pins, cyprès, etc. mais on pourra se tourner vers du bouleau qui brûle également vivement.
Maintenant vient le moment le plus fastidieux : le tri. Décortiquez votre récolte pour isoler les brindilles les plus fines. Cela permet également de sentir le bois qui n’est pas bien sec (il se casse mal) et de l’éliminer. Il doit rester un fagot suffisamment conséquent pour qu’on doive le transporter à deux mains. Les brindilles les plus fines auront la taille d’une mine de crayon, viennent ensuite les branches de la taille d’un crayon puis d’un doigt et ainsi de suite…
II – Préparation d’un foyer sur le sol forestier
Mettre la terre à nu sur environ 2 mètres de diamètre. La litière forestière est ainsi rejetée sur le contour d’une zone neutre. Édifier une plate-forme à partir de branches mortes et sèches d’une taille supérieure à celle du pouce. C’est sur cet édifice que vous construirez votre foyer. La plate-forme permet d’affranchir le combustible de l’humidité du sol tout en autorisant son oxygénation. In fine, elle se consumera comme n’importe quel pièce de bois sec.
On pourra commencer par allumer le petit bois avant de superposer les branches avec un angle de 90° entre chaque étage. Cela permet de conserver une bonne aération du foyer. Dans ce cas, conserver le bois à portée de main. Si la récolte a été plus fructueuse, on peut se lancer dans un foyer top-down où le bois de gabarit le plus important se situe en bas de la pile, chaque étage voyant le diamètre des branches diminuer et l’orientation changer de 90°.
III – Allumer un feu, une compétence de base en bushcraft
Les allumettes nécessitent une bonne technique de grattage et un soin particulier pour ne pas les humidifier ou les éteindre à la faveur d’une bourrasque. Leur flamme grêle ne pourra être communiquée qu’à des matériaux judicieusement sélectionnés et ne vous autorisera que quelques secondes d’action avant de disparaître…
Allumer l’initiateur de feu en plaçant la flamme de l’allumette à environ un centimètre en-dessous. Ne jamais mettre en contact la tête d’allumette et le combustible, cela pourrait étouffer la combustion et ruiner tous vos efforts. Une fois que les flammes se développent, placer d’autres poignées de petit bois juste au-dessus (aucun contact encore une fois) et ne déposer le combustible sur le foyer que lorsque les flammes s’élèvent de plusieurs centimètres.
Une fois la maîtrise de ces tiges ardentes face aux éléments acquise, il suffira alors de se compliquer la vie un peu plus avec l’utilisation d’une pierre à feu (découvrez un article détaillé ici) puis d’un briquet à silex et, pourquoi pas, s’adonner aux feux par friction (cliquez-ici pour accéder à ma série de vidéo pédagogiques)… Dompter les flammes se fait ainsi par paliers successifs.
Il ne reste plus qu’à empiler le combustible laborieusement récolté dans le cas d’un foyer classique en respectant le changement d’orientation à 90° de chaque étage. Asseyez-vous au coin du feu et profitez de sa douce chaleur et de son odeur caractéristique et enivrante.
IV – Éteindre son feu et nettoyer correctement la zone
Éteindre son feu est non seulement un signe de respect envers l’environnement mais également un point clé de la sécurité du bivouac. Partir en laissant un foyer mal éteint pourrait entraîner une propagation incontrôlée des flammes dont vous seriez le premier responsable. Voici trois étapes clés pour assurer ses arrières :
- Commencez par tuer le feu en éparpillant les braises et/ou les bouts de bois qui peuvent être encore présents. Cela va dissiper la chaleur du foyer et mener à l’extinction des flammes.
- Arroser abondamment en utilisant une grande quantité d’eau. Retourner les pièces de combustible les plus épaisses pour les humidifier intégralement.
- Si le cœur vous en dit, mettre les mains dans la bouillasse formée et creuser avec les doigts dans le sol pour mélanger eau, terre et vestiges de votre feu. Sinon, utilisez un simple bâton pour scarifier le sol et lui permettre de boire la solution d’eau et de cendres.
Palper ce magma grisâtre permet d’en ressentir la chaleur et de se rappeler le proverbe :
trop chaud à toucher, trop chaud à laisser
Proverbe Bushcraft
Comment j’allume un feu en forêt et pourquoi je fais comme ça en vidéo :
Conclusion
Gardez également à l’esprit le proverbe de base en Bushcraft : « Leave no trace » (ne laisser aucune trace). On distinguera ainsi aisément l’amoureux de la nature sauvage et des contrées inexplorées, de cette espèce malheureusement répandue et surnommée « Homo debilicus » qui souille toutes les terres qu’il ose fouler.