Le firesteel ou pierre à briquet est un gadget que l’on trouve désormais partout en ligne et dans les enseignes de matériel outdoor. Tige de ferrocérium permettant d’obtenir des étincelles à haute température, il nous permet d’allumer aisément le feu lors des bivouacs. Si vous pensez que l’usage de cet outil emblématique de la survie et du Bushcraft ne présente plus de secret pour vous… Vous feriez bien de lire ce qui suit !



 

I – Sur le fil du grattoir

Au fil des stages animées par l’association « Nature Aventure Survie », nous avons rencontré bon nombre personnes ayant des difficultés à produire de solides étincelles. Ces dernières doivent être blanches et bien grasses pour espérer enflammer de l’écorce de bouleau ou autre matériau naturel. Parfois, cet échec tient à une mauvaise technique qui sera vite corrigée ; parfois, il s’agit d’un défaut matériel.

Pour bien utiliser un firesteel, rien ne remplace un bon grattoir. ©Alban Cambe

Rappelons ici qu’il faut que ce dernier soit suffisamment acéré pour venir décrocher de menues particules de métal. Si, au toucher, le contour du grattoir n’accroche pas la peau, il y a fort à parier qu’il sera source d’échec et de frustration.

Improviser un grattoir de firesteel :

Pour faire face à un grattoir défectueux, il y a la possibilité de l’éroder en le frottant contre une pierre à aiguiser ou une roche microgrenue type grès. La simple action d’user le côté du grattoir va permettre d’offrir une surface permettant de racler la tige.

Éroder le dos de la lame avec une pierre à aiguiser permet d’obtenir un grattoir sur n’importe quelle lame. ©Alban Cambe

Certains firesteel sont même vendus sans aucun grattoir ! Il peut s’agir d’une tige seule ou d’un outil de renommée (la marque Mora a pris ce tournant pour encourager la vente de sa gamme de couteaux outdoor). Il faudra alors user du dos la lame d’un couteau adapté (si besoin, créer un angle à 90° à l’aide d’une pierre à aiguiser) ou d’un substitut adapté. Un morceau de métal ou un tranchant de silex font l’affaire, il faut juste prendre garde à ne pas se couper avec.

En l’absence de grattoir dédié, un morceau de silex ou un couteau peuvent faire l’affaire . ©Alban Cambe

En ce qui concerne l’utilisation du firesteel en combinaison avec un couteau, nous vous renvoyons au point III du présent article.

II – L’allume-feu sécurisé à même le firesteel

Le firesteel est un outil formidable pour se confronter au milieu naturel. Les étincelles chaudes permettent d’enflammer une variété de ressources à identifier sur le terrain et c’est avec un plaisir enfantin que l’on tentera de produire des flammes à partir de divers matériaux parfois inconnus.

Certains firesteels sont accolés à un bloc de magnésium qui joue le rôle d’allume-feu. ©Alban Cambe

En l’absence de substances inflammables faciles à récolter en pleine nature, on pourra s’orienter vers du bois et sculpter des hérissons de petite taille (des micro-feather-sticks ; cf. l’ouvrage « Nature Aventure Survie » du même auteur). Pour la technique, voici une vidéo :

Sculpter des feather-sticks en vidéo :

En de très rares occasions cependant, en l’absence de couteau (par étourderie), en l’absence de matières inflammables (milieu stérile), démarrer un feu au firesteel se révéla être une épreuve de force. Quelques boulettes de coton de nos chaussettes auront suffit mais l’on aurait souhaité avoir un initiateur de feu sur nous pour démarrer une bonne combustion. De même, il nous est arrivé mainte fois d’égarer notre firesteel… Nous avons donc cherché à allier l’efficacité d’un allume-feu immédiatement utilisable avec la sécurisation du firesteel pour éviter d’égarer l’outil.

Firecord, survivalcord et autres « cords » inflammables :

Détail d’une firecord : une paracord comportant un brin inflammable (ici en rouge). ©Alban Cambe

La firecord est un type de paracord enrichi où l’un des brins centraux est un fil de jute enduit de cire. Il suffit de l’extraire de la gaine, de l’ébouriffer et d’y projeter des étincelles pour voir surgir une flamme brûlant quelques instants et ce, même lorsque la cordelette est humide. Nous avons donc logiquement fait le choix de relier le manche du firesteel au grattoir par cette cordelette. Un mousqueton vient désormais se fixer à l’un des passants de ceinture de notre pantalon pour conserver l’outil sur notre personne. Dès que nous en avons fini avec l’allumage de feu, l’outil revient se clipser à notre taille et est glissé immédiatement dans notre poche. Ainsi, on évite de le perdre et l’on dispose d’un allume-feu manufacturé efficace si nécessaire.

firecord sur firesteel
En plus de sécuriser le firesteel, la firecord est un excellent allume-feu. ©Alban Cambe

III – Une technique efficace et durable

La promesse commerciale du firesteel est redondante : « cet objet peut allumer des milliers de feux ! »

Combien d’entre nous y sont réellement parvenus ? L’usure courante d’un firesteel se remarque par une dépression qui se creuse au milieu de la tige. Petit à petit l’épaisseur de ferrocérium se réduit et l’on aboutit à la rupture de l’objet qui devient alors inutilisable… Pour l’utilisateur moyen.

Comment ne plus user votre firesteel prématurément :

Produire de grosses étincelles est à la portée de tous. Nous utilisons désormais la méthode surnommée « pouce sur pouce ». On décoche ainsi des étincelles bien grasses tout en préservant l’objet : on saisira de la main non dominante (la gauche pour un droitier) le firesteel plutôt par la tige, le pouce doit pouvoir venir reposer sur l’extrémité de l’objet. La main dominante vient positionner le grattoir à environ deux centimètres du bout du firesteel, le pouce de cette même main couvrant le grattoir. Il s’agit alors de mettre les deux pouces en contact et c’est une poussée du pouce gauche et un retrait de la tige qui va provoquer la gerbe d’étincelles. La main gauche réalise ainsi un mouvement de fermeture générant une force importante, la main droite et là pour servir de support au grattoir.

Il est possible, de la sorte, de produire des étincelles très fournies et de n’user que l’extrémité de l’outil, décuplant ainsi sa durée de vie. L’usure résultante conduira simplement à remonter progressivement le long de la tige du firesteel avec les mois, voire les années d’utilisation.

La méthode « pouce sur pouce » :

  • Saisir le firesteel de la main non dominante (la gauche pour un droitier), plutôt par la tige
  • Le pouce gauche doit pouvoir venir reposer sur l’extrémité de l’objet.
  • La main dominante vient positionner le grattoir à environ deux centimètres du bout du firesteel, le pouce de cette même main couvrant le grattoir.
  • Mettre les deux pouces en contact.
  • La poussée du pouce gauche et un retrait de la tige vers l’arrière va provoquer la gerbe d’étincelles. La main gauche réalise ainsi un mouvement de fermeture générant une force importante, la main droite et là pour servir de support au grattoir.

Il est possible de réaliser exactement le même mouvement avec le dos de la lame d’un couteau pour peu qu’une arête y soit préexistante. C’est jouable avec les mains mais, pour plus de stabilité, on pourra utiliser nos pieds !

Avec un couteau, mieux vaut jouer la sécurité. Seule la tige sera tirée vers l’arrière, la lame étant sécurisée au niveau du cou de pied. De la sorte, on décoche de grosses étincelles mais cela nécessite de racler l’ensemble de la tige.

Plus sécurisante, la méthode au pied implique de gratter une plus grande portion du firesteel. ©Alban Cambe

Maîtriser le firesteel en vidéo

Conclusion

Si de nombreux auteurs (et nous n’échappons à la règle) recommandent d’utiliser le firesteel en grattant l’ensemble de la tige, nous n’avons pu arriver qu’à la conclusion qu’une usure prématurée de l’outil n’est absolument pas souhaitable, en particulier sur un objet labellisé « survie » où chaque ressource compte.

Apprendre à allumer un feu au firesteel, c’est faire un pas vers une résilience capitale, la capacité de produire des flammes à partir d’une multitude de ressources en l’absence d’allumettes ou de briquets modernes. Une compétence qui se révèle plus rare qu’on ne le pense.

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