L’eau de bouleau est une récolte qui s’étale chaque année depuis la fin de l’hiver jusqu’à la fin du printemps. Cette « eau » est issue du captage des racines de l’arbre sortant de dormance. Il s’agit de la sève dite brute, laquelle contient quelques minéraux et un peu des glucides stockés dans les organes souterrains en fin de saison précédente. Son goût est boisé, rafraîchissant, légèrement sucré et on lui prête mille vertus médicinales. Voici comment la récolter en toute simplicité sur le terrain.

Récolter l’eau de bouleau selon les règles de l’art

Même si c’est un véritable héritage de nos aïeuls et une fête honorant la venue du printemps, la récolte d’eau de bouleau est soumise à certaines règles. Tout d’abord, vous devrez vous contenter d’arbres situés sur une parcelle qui vous appartient. À défaut, il faudra obtenir l’autorisation du propriétaire.

La période de récolte peut débuter dès la mi-février et s’étale jusqu’à la mi-avril parfois. Cela dépend des variations de températures de votre région. Dès que les bourgeons ont débourré, dès que les nouvelles sont apparues, le flux de sève se ralenti et c’en est fini pour l’année.

Pour récolter la sève, vous pouvez, au choix, sectionner une branche ou perforer le tronc de l’arbre. Je préfère amplement cette dernière solution car elle me permet de laisser l’arbre presque sans dégâts. Bien entendu, on prendra grand soin de respecter de la ressource.



 

Comment récolter l’eau de bouleau facilement ?

Sélectionnez un bouleau suffisamment âgé avec un tronc d’au moins une vingtaine de centimètres de diamètre. Visez un point à environ un mètre du sol. Avec la pointe d’un couteau réalisez une petite perforation d’un centimètre de profondeur. Si un liquide clair commence à suinter, c’est que la saison de la récolte est bien là. Le cas contraire, rebouchez le trou et passez votre chemin et revenez plus tard.

De la sève s’écoule depuis la perforation de l’écorce, la saison de l’eau de bouleau est bien arrivée. ©Alban CAmbe

Agrandissez votre trou avec un poinçon ou le tire-bouchon d’un couteau-suisse (ce que j’utilise depuis des années). Vous pouvez aussi utiliser une tarière de diamètre raisonnable. Cela permettra d’augmenter le flux de sève à s’écouler.

Placez un contenant juste au-dessous du trou. Certains canalisent la sève au moyen d’un tuyau flexible mais je préfère la méthode plus rustique qui consiste à insérer un petit bout de bois pour faire goutter la sève dans une gourde ou un quart.

Une cheville de bois permet de canaliser l’écoulement vers le récipient de votre choix. ©Alban Cambe

Pensez à verrouiller votre contenant pour qu’il tienne en place : en hauteur, attachez votre gourde ; au sol, verrouillez-la avec trois piquets plantés autour de sa base. Il m’est déjà arrivé de perdre ma récolte à cause d’une gourde déséquilibrée par le liquide accumulé.

Toujours verrouiller le récipient pour éviter qu’il ne se renverse. ©Alban Cambe

Au bout de quelques heures, vous obtiendrez une bonne quantité de sève. Cela peut dépasser allègrement les 5 litres en une journée selon le flux de sève. Il existe différents adjuvants permettant de stabiliser la sève de bouleau (clous de girofle, alcool…) mais dans le cadre d’une récolte sans matériel, nous préférerons la consommer au sortir de l’arbre en quantités modérées. Sinon, cette eau peut être stockée au réfrigérateur deux à trois jours.

La modeste récolte d’une seule heure au mois de mars. ©Alban Cambe

Après la récolte, ne laissez aucune trace

Rebouchez le trou grâce à une cheville de bois vert comme du noisetier ou du saule (ces essences cicatrisent rapidement et repoussent d’autant plus vite après la coupe). Le bois vert est quasiment stérile et ne mettra pas en danger le bouleau qui pourra cicatriser. Le bois mort étant porteur de mycélium, vous risqueriez de contaminer l’arbre avec des champignons ravageurs.

La perforation rebouchée par une cheville de bois vert (noisetier). ©Alban Cambe

Désormais, vous pouvez savourer votre récolte. Cette boisson fraîche, boisée, légèrement sucrée à laquelle on prête mille vertus médicinales : elle protègerait les articulations, serait drainante, diurétique, dépurative… Les adjectifs ne manquent pas mais rares sont les véritables études qui confirment ces propriétés. Il n’en reste pas moins que l’eau de bouleau se savoure comme un don de notre nature.

Vous souhaitez découvrir d’autres délices du printemps ? Alors jetez un œil à mes articles sur l’ail des ours ou l’alliaire officinale en cliquant sur les liens.



error: Ce contenu est protégé par le droit d\\\\\\\\\\\\\\\'auteur ©Alban Cambe & albancambe.com