De passage à Paris, j’ai pu repérer un indice de navigation naturelle simple à identifier et extrêmement efficace. Il se lit directement sur l’écorce d’un arbre, le platane, qui est planté dans les parcs et le long des avenues.
Le platane, un arbre adapté à la ville
Les platanes (arbres du genre Platanus) ont été adoptés comme arbres d’ornement en ville pour deux qualités :
- Leur système racinaire s’accommode bien à la pression.
- Leur écorce se délite en formant des motifs décoratifs.
Cette dernière caractéristique est intéressante pour le navigateur naturel. Chaque année, l’arbre produit une nouvelle écorce externe en-dessous de la précédente. La plus vieille (qui a été exposé à la pollution) se détache sous forme de petites plaques avec des couleurs variées.
On notera au passage que l’écorce des platanes et la lumière filtrée par des feuilles de chênes ont inspiré à l’ingénieur Wim Brandt et au professeur Otto Schick, les premiers motifs de camouflage imprimés sur tissu dans les années 1930 pour le corps militaire des Waffen-SS*.
*Réf : « The book of camouflage : the art of disappearing » de Tim Newark
Les secrets du platane en navigation naturelle
1 – Le port d’un platane isolé
Comme tous les arbres, le platane est dépendant de la lumière du soleil pour produire sa matière organique. La photosynthèse est réalisée par les feuilles et l’arbre visera donc à en exposer la majeure partie en direction du principal ensoleillement. C’est pourquoi la frondaison est bien souvent déjetée vers le Sud. En plein hiver, les feuilles caduques sont déjà tombées mais il est possible de repérer ce phénomène avec l’aide des branches.
Ainsi, sur les platanes mais aussi sur divers fruitiers (cerisiers, pommiers, poiriers), sur les châtaigniers et d’autres essences, vous pourrez repérer ce que je surnomme « l’effet coche ». Les branches les moins exposées croissent davantage à la verticale tandis que les branches bien exposées au soleil auront tendance à se développer plutôt à l’horizontale. Ces dernières vous indiqueront préférentiellement le Sud.
2 – Les indices de l’écorce du platane
En botanique (et donc en chimie), nombre de processus sont accélérés par la chaleur (et donc, dans la nature, l’ensoleillement). C’est pourquoi on peut noter que l’écorce du platane tend à se déliter d’autant plus rapidement du côté le plus exposé au soleil, ce qui indique généralement le Sud.
En règle générale, sur un arbre bien isolé et où l’influence d’autres éléments est réduite (pas d’ombrage, de bâtiments ou de vents dominants), le tronc est donc de couleur plus claire du côté Sud.
Il existe des dizaines de façons d’utiliser les arbres en navigation naturelle (cf. mon ouvrage « L’art ancestral de la navigation naturelle« , éditions Memorabilia, 2019 – détails du livre par ici), l’écorce et le port de l’arbre ne sont qu’une infime partie d’entre elles. Cependant, en ville où les influences extérieures sont nombreuses, ce sont les deux informations les plus robustes que vous pourrez prendre en compte.
NB : Cette observation a été mentionnée dans la newsletter de Janvier 2018 de mon ami et mentor Tristan Gooley, « The Natural Navigator« .